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"N'ayez d'intolérance que pour l'intolérance" (Hippolyte Taine)

D'autres trompettes mal embouchées

Librement inspiré d'une chanson de Georges Brassens (Les trompettes de la renommée) et de l'actualité, une petite chanson sans prétention avec dedans une bonne dose d'humour (et aussi d'indignation vis à vis d'une certaine remontée de l'intolérance, et plus particulièrement de l'homophobie, ces derniers temps...). Bien sûr, toute ressemblance totale ou partielle avec des éléments autobiographiques ne seraient que pure coincidence... ou pas. Je souhaite enfin bonne chance à ceux (et celles) qui pensent encore que la vie s'écrit avec toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, et non pas seulement en noir et blanc, en bien et mal...

Moi qui vis à l'écart de la place publique,
Un peu contemplatif, et un peu romantique,
Total'ment étranger à la notion de gloire,
J'observe la "savane", je dors comme un guépard.
En lisant les nouvelles, un jour j'ai cru comprendre
Qu'aux gens intolérants, j'aurais des compt's à rendre,
Et qu'il pourrait m'échoir qu'un jour dans leurs fichiers
S'inscriraient à leur tour tous mes "petits secrets".

Trompettes d' la "moralité"
Vous êtes bien mal embouchées!

Sortant de ma réserve, je ne saurais me taire,
Dois-je pour les fichiers d'un' caus' "sécuritaire"
Dévoiler avec qui - mais avec protection -
Je passe des nuits torrides, et même avec passion?
S'ils mémorisent des noms, ô combien de « salopes »
Cesseront illico d'passer pour Pénélope
Et mes mensurations, de l'ordinaire sortant,
Feront, ou des envieux, ou d'nouveaux soupirants.

A toute "inquisition", ma nature est rétive,
Ma liberté bien sûr est sur la défensive,
Ma vie et ma santé ne r'gardent pas les censeurs
Souvent inspirés par des moralisateurs.
Vont-ils sur moi inscrire que je suis une « pédale »
Ou que quand j' fais l'amour, on entend plein de râles?
Peut-être que pour eux c'est pas toujours marrant,
C'est peut-êtr' interdit par les "saints sacrements".

Oui, je vis dans un monde qui bien souvent me laisse
Un peu désabusé, mais quelquefois j'me laisse
Aller à des passions, pour des hommes comme moi
Et parfois même aussi, je les aim' plus d'une fois.
Au prétexte de quoi, tous ces censeurs s'enflamment
Tout simplement parc'que je n'préfère pas les dames?
Que sav'nt-t-ils de l'amour et de ses effusions,
Eux qui sans dout' attend'nt la canonisation?

L'arc-en-ciel dans ma vie est une valeur portante,
Il m'a appris bien plus qu'les valeurs bien-pensantes.
Et s'ils m'étiquettent comm' un énergumèn',
Moi je leur dirais merde, sans que ça les surprenne!
En accord avec Georges, dois-je écrire dans la presse
Qu'il leur arrive aussi d'être avec un' maîtresse
Et qu'un jour leurs fichiers, en vue d'un mond' plus "pur",
Leur reviendront, c'est sûr, un jour, en plein' figure.

Qu'est-ce que ça peut leur faire de savoir qu'sur ma couche
Il n'y a eu qu'des hommes à embrasser ma bouche?
Faut-il qu'un homm' célèbr' ou une "nouvell' star"
Vienne coucher dans mes draps, pour un' nuit ou un soir?
Pour remplir leurs fichiers, en multipl's exemplair's
Qui sera mon amant, pour l'automne ou l'hiver?
Qui viendra chez moi en métro ou autobus
Son passe "navigo" étant un' preuv' de plus?

Réprim'ront-ils plus fort, ces censeurs d'opérette
S'ils ont la conviction que je suis un' "tapette"?
Mêm' si je ne march' pas comme une demoiselle
Penseront-ils qu'encor en mon travail j'excelle?
Je ne pens' pas que ça profit'ra à ces drôles
De jouer sur la peur, de menacer d' la geôle.
Ca confère au pays une image révolue
Comme, depuis l'an quarant', on n'en n'a plus connue!

Après cette revue de toutes les enquêtes
Qui peuv'nt valoir à tous d'être mis en fichettes,
Je veux juste vous dire, et sans contrefaçon,
Qu'j'aime les hommes que je chante dans mes chansons.
Et si un jour l'un d'eux veut d'moi pour plus d'un soir,
Ce n'sont pas les censeurs et leur mauvais vouloir
Qui pourront m'empêcher de larguer les amarres
Pour voguer avec lui sur la mare aux canards...